Ce dimanche 5 juin, un groupe de Chimpanzés du futur, du Nord et d’Isère, sont intervenus à l’exposition transhumaniste « Novacène » qui se tient à la Gare Saint-Sauveur dans le cadre du festival Utopia ; opération de greenwashing organisée par la métropole lilloise. Ils ont arpenté l’exposition avec leurs masques et distribué un tract lu à voix haute. Ils ont échangé avec des visiteurs souvent intrigués et intéressés. Les vigiles ont été vigilants et ont expulsé les chimpanzés du zoo, non sans une fermeté frisant l’agressivité.
Les chimpanzés grenoblois de Pièces et main d’œuvre étaient invités pour une causerie sur « Technologie – Technocratie – Transhumanisme » au cinéma L’Univers, dans le cadre du contre-festival « Tutopia ». Ils en ont été empêchés par le cinéma sous la pression et les menaces de « groupes militant en défense des personnes homosexuelles et transgenres ». On n’a pas vu ces groupes manifester contre l’exposition « Novacène », ni la dénoncer. Que ce soit à l’Univers ou à la Gare Saint-Sauveur, on refuse de laisser s’exprimer les Chimpanzés du futur.
La causerie avec Pièces et main d’œuvre a eu lieu comme prévu, mais ailleurs, et nous diffuserons l’enregistrement au plus vite. En attendant, voici l’un des textes diffusés par les chimpanzés du futur dimanche après-midi :
Ouh Ouh Ah Ah
Ouh Ouh Ah Ah
« Ouh... Ouh... Ouh.
– Ah Ah ?
– Rhaah, Kek-Ak, Ouh Ouuuh.
– Ah.
Traduction :
Nous sommes les chimpanzés du Nord, de l’Isère et du futur. Comme le disait le transhumaniste anglais Kevin Warwick : « Ceux qui décideront de rester humains et refuseront de s’améliorer constitueront une sous-espèce et formeront les chimpanzés du futur. » (Moi, le cyborg, 2002)
Warwick a gagné son surnom d’« homo-machinus » en greffant des électrodes à son système nerveux pour commander son ordinateur. Celui qui se présente comme le « premier cyborg de l’histoire » n’est pas un hurluberlu bidouillant son corps-machine dans son garage. Warwick est docteur de l’Imperial College of London, enseignant à l’Université de Reading, médaillé de la Royal Society of medicine. C’est un gars de la haute.
Au temps pour Lille 3000...
Chimpanzés du futur, nous sommes aujourd’hui à la gare Saint-Sauveur, espace de culture officielle, dominante, financée et édictée par le pouvoir : la MEL, ses partenaires industriels (EDF, Air France, Bouygues, Auchan...), et leurs artistes contemporains.
Que dit le pouvoir ici ? Il ne hurle ni ne piaille comme un primate. Il communique en langage binaire, 0 et 1, qu’il exprime en bip-bip. Il réduit ce qu’il appelle le « vivant », les humains, les plantes, les animaux, à des machines, des machines communicantes en langage machine. Tiens, une méduse bioluminescente.
Comme l’écologie est à la mode, qu’il est difficile y compris pour un industriel du BTP ou de l’aéronautique d’éviter le sujet, sa culture officielle trouve chez les artistes transhumanistes « la relation nouvelle entre le vivant et la nature » dont celui-ci a besoin pour perpétuer sa domination. Un homme-machine ne tombe pas malade, il dysfonctionne. Charge à l’industriel de le réparer. Tiens, un chien bionique.
Le biochimiste anglais James Lovelock, qui inspire cette expo, va plus loin. L’humanité est trop stupide pour réparer seule le climat. Une espèce de cyborgs bienveillants doit prendre le pouvoir pour réguler la Terre-Machine : ce qu’il appelle le « Novacène ». Tiens, un nuage assisté par ordinateur.
Nous refusons de nous hybrider avec la machine, ou de nous laisser gouverner par la machine. Nous refusons le projet autoritaire du « Novacène » proposé ici par Lille 3000.
Restons humains et libres. Rejoignez les chimpanzés du futur !
Ouh Ouh Ah Ah !
Lille, le 5 juin 2022