Connaissez-vous la SAFT ? Qui connaît la SAFT ? - La quoi ? – La Société d’Accumulateurs Fixes et de Traction ; S. A. F. T. Personne ? Incroyable ! Une entreprise énorme, française et centenaire. La principale, et désormais la dernière entreprise française de batteries ; 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2023, 4300 salariés dans 19 pays - mais surtout dans le Nord-Pas-de-Calais. Certes, loin derrière les Chinois CATL et BYD, mais toujours lideur mondial dans les domaines civils et surtout militaires de l’aérospatiale et des transmissions, avec des clients tels que : Boeing, Airbus, les fabricants de Mirages, de Rafales, de fusées Ariane, de satellites européens et américains, mais aussi de blindés, de sous-marins, d’appareils de télécommunication et de guidage des armées française, anglaise, américaine, etc.
Tomjo, lui, a une bonne raison de connaître la SAFT, et même de s’y intéresser, quoiqu’il s’agisse d’une attention non-sollicitée, voire découragée par l’entreprise elle-même. Il vit à proximité de la « Battery valley » comme dit la chambre de commerce et d’industrie du Chtiland. C’est à Douvrin, dans le Pas-de-Calais, que la SAFT (propriété de Total depuis 2016), a inauguré en 2023 la première de cinq gigafactories prévues en France - dans les Hauts-de-France. Des gigafactories en vue de la transition au tout-électrique. Car sans batteries, pas de smartphones, d’ordinateurs portables, de voitures électriques, d’objets connectés ni d’implants cérébraux.
– Au fait, savez-vous vraiment ce qu’est une batterie ? Comment ça fonctionne ? Qui l’a mise au point, et quand ? Et comment ? C’est qu’on ne peut comprendre la considérable et ténébreuse histoire de la SAFT si l’on ignore de quoi sont faites les batteries et comment s’agencent leurs éléments.
Incroyable ! Il faut décidément reprendre au début. Aussi trouvera-t-on dans ces quelques minutes de lecture une courte histoire de la batterie de 1800 à la fondation de la SAFT en 1913 sous un nom différent (la S.I.A.A., Société Industrielle des Accumulateurs Alcalins). Puis l’histoire de la SAFT, elle-même, jusqu’en 1946, mêlant développement économique, intrigues et partenariats internationaux, et, durant les deux guerres mondiales, production de gaz de combat, espionnage au profit de l’Allemagne, collaboration avec les nazis, etc.
C’était bien sûr aux heures les plus sombres de notre histoire. Un siècle de pillage lucratif des ressources naturelles, de l’argent public et du travail prolétaire. Les pires pollueurs du monde sont aujourd’hui devenus des bienfaiteurs de l’humanité, avides de « sauver le climat et les générations futures », aux applaudissements des 140 journalistes, des six ministres européens, des 300 élus et « acteurs économiques », qui assistaient à l’inauguration de la première gigafactory d’Europe, le 30 mai 2023, sur la zone industrielle de Douvrin (Pas-de-Calais). 1,3 milliard d’euros d’argent public. C’est vous dire si cette usine à batteries et l’électrification totale de notre société sont d’intérêt général. Sans stockage de l’électricité, pas de transition énergétique. C’est d’ailleurs depuis une usine SAFT (celle de Nersac, en Charente), qu’Emmanuel Macron révéla sa volonté de « réconcilier l’industrie et l’écologie » grâce à la voiture électronucléaire, en janvier 2020.
Vous ne connaissiez même pas le nom de la SAFT ? Qu’à cela ne tienne. Il y aura un jour des manifestations devant les sites de la SAFT. Comme il y en a désormais devant les sites de STMicroelectronics, à Grenoble, dont les participants ne connaissaient même pas le nom avant qu’on ne leur en parle, voici quinze ou vingt ans. C’est tout de même plus facile d’enfoncer une porte que l’on vous a ouverte.
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