Qui a mis le feu ? La société thermo-industrielle, en 1784, avec la combustion des énergies fossiles, le perfectionnement des machines à vapeur et autres « pompes à feu ». On pourrait certes remonter au paléolithique et à la domestication du feu, la politique de la terre brûlée ne date pas du Technocène ; mais la responsabilité de la technocratie dirigeante (ingénieurs, entrepreneurs, cadres, scientifiques, etc.) dans l’incendie planétaire est écrasante, démontrée et publiée.
Si les mots ont un sens, chacun de ses membres est aujourd’hui co-responsable d’écocide et de crime contre l’humanité – peut-être involontaire dans nombre de cas. Mais voici un demi-siècle au moins que l’ignorance des malfaiteurs ne peut plus être invoquée ; et leur persistance dans le crime est attestée par leurs dénégations et leur ligne de défense. Amalgamer « transition numérique et écologique », soutenir qu’il faut jeter davantage d’huile sur le feu et accélérer encore cette mutation machinale qui a embrasé le monde pour éteindre l’incendie, c’est insulter de toute sa morgue les victimes de la fournaise.
En attendant la traduction des coupables devant le tribunal de l’histoire, ce sont les innocents que la justice immanente frappe indistinctement : forêts, glaciers, animaux et simples Terriens, vivant par choix ou par naissance à l’écart du Cauchemar climatisé (Henry Miller, 1945).
Coupables, les fondateurs, les cadres, les ingénieurs, les opérateurs et les financiers de STMicroelectronics, une des plus importantes sociétés de semi-conducteurs européennes, issue en 1972 du Commissariat à l’énergie atomique de Grenoble.
Coupables, les présidents Chirac, Sarkozy, Hollande – et aujourd’hui Macron – qui ont tous visité, célébré, financé, ce monstre techno-industriel qui assèche les eaux de la Cuvette grenobloise pour fabriquer des smartphones et des voitures.
Coupables les élus locaux qui soutiennent des mesures dérogatoires afin que STMicro puisse pomper jusqu’aux dernières gouttes l’eau de la Cuvette.
Complices les masses de consommateurs stupidement avides d’objets connectés, et les pseudo écolos qui ne voient de remède à la peste climatique que dans le choléra nucléaire.
Complices les pseudo radicaux qui refusent de voir dans la technologie le front principal de la guerre entre puissants et subissants. Celui qui commande les autres et où toute percée, toute innovation, dégrade davantage le rapport de forces en faveur des premiers et au détriment des seconds.
En attendant le verdict de l’histoire, voici quelques éléments du réquisitoire dressé par Pièces et main d’œuvre à propos de la récente visite de Macron et de la nouvelle pluie de milliards déversée sur la nouvelle fabrique de puces de STMicroelectronics.
Post scriptum : nous avons reçu un message signalant une pétition contre la création de la nouvelle usine de STMicroelectronics. Voir ici.